lundi 16 octobre 2017

Bleu, bleu, le tunnel de lave !

Sortie différente ce dimanche.
Ce n'est pas comme cela que je vais me préparer à l'ascension du Dimitile par le Bayonne, un des plus durs sentiers de l'île, que j'ai prévue en décembre... Mais parfois, trop d'entraînement tue l'entraînement !!
Et puis là où je suis allée, c'est quand même assez exceptionnel.
Un tunnel de lave.
Mais pas n'importe lequel.
Le tunnel bleu. Vieux de 22 000 ans.
Classé un des 5 plus beaux DU MONDE par ses couleurs (devinez laquelle) et ses concrétions géantes.

IL FAUT QUE JE VOIE CELA !!

Rendez-vous est pris avec Rudy Laurent, le fameux guide de Kokapat Rando que l'on voit dans tous les reportages sur la Réunion (le dernier en date étant "Faut pas rêver").

Je retrouve 4 autres touristes sur le parking de l'église de Pont d'Yves.
Vraiment étrange cette église ; on dirait qu'elle a un mirador... mais ce n'est pas une prison, c'est bien une église !


Voilà les grandes lignes de l'histoire du "tunnel bleu"...

Découvert par hasard dans un champ, il y a 4 ans, quand le tracteur qui passait par là a fait s'écrouler la voûte de quelques mètres... causant une grosse frayeur au conducteur mais mettant ainsi au jour un véritable joyau. Et oui car sous ces broussailles insignifiantes se trouvent des trésors insoupçonnés !



Le tunnel a été arpenté, répertorié et étudié pendant deux ans et demi par les guides spécialisés.... avant d'être ouvert au public dans une version "limitée" : 15 visites par mois maxi, et 6 personnes par visite maxi. Histoire de le préserver au mieux, contrairement aux autres tunnels véritables aspirateurs à visiteurs plus ou moins précautionneux et attentifs...

Rudy prend d'abord le temps de nous faire une piqûre de rappel en matière de géologie, formation de la Réunion, types de lave (les cours de chimie du lycée sont bien loin...). On a beau avoir visité la Cité du volcan, vu des dizaines de reportages, on oublie vite toutes ces notions, pourtant nécessaires pour comprendre tout le système.



50 mètres de marche et nous voilà devant le trou qui ne paie pas de mine, contrairement à la solide grille et aux trois énormes chaînes cadenassées qui maintiennent le tunnel à l'écart des indélicats.

On pénètre dans l'antre, il fait 18-19 °C, plus frais que les autres tunnels (normal, on est à 1 000 m d'altitude).

Inutile de prendre son appareil photo, le taux d'humidité atteint les 97 % alors ce serait bête de l'abîmer. De plus, les microgouttes d'eau en suspension dans l'air renvoient la lumière du flash, si bien qu'on a plein de points blancs. Il faut régler la sensibilité d'une certaine manière. Mais notre guide se charge des photos, il a l'habitude ; on les récupère sur le site web un peu plus tard.

Comme cela on peut profiter à fond du spectacle.
Si vous voulez toutes les explications détaillées, je crains que vous deviez faire la visite ! Je peux néanmoins apporter quelques éclaircissements, si ma mémoire ne me fait pas trop défaut.

Ici ces formations en écailles sont dues aux impuretés de la surface qui se sont infiltrées et déposées en "gours" (chercher dans un dico pour en savoir plus !). Du plus bel effet !


Un vrai labyrinthe avec des tunnels de plusieurs centaines de mètres qui partent dans tous les sens, sur plusieurs niveaux...


Il y a de la silice, du manganèse, de l'alumine, plein de petits trucs chimiques combinés de différentes manières qui parfois donnent cet effet bleuté scintillant.


Et aussi des textures différentes, liées à la viscosité de la lave, sa composition, sa vitesse.




Oubliez tout ce que vous savez sur les stalactites calcaires, qui grandissent au fil des siècles. Ici, ça coule, ça se solidifie et c'est fini, ça ne bouge plus. Et parfois, si l'extrémité est bouchée et qu'il y a une nouvelle arrivée de lave fluide, ça peut sortir à l'horizontale ("excentrique") par une partie fragilisée par exemple, comme sur celle de droite, qui a une petite verrue !



C'est l'un des plus beaux passages. On frôle le violet !!


Ici, c'est l'un des plus longs passages intacts de ce genre au monde... on le franchit accroupi.


La lave qui coulait, bouillonnait sous la voûte a en quelques sortes "crépi" le plafond ; les américains appellent cela "sleeping bats" ; ils ont de l'imagination pour voir ici des chauves-souris en train de dormir...


Quoique... ici la forme est plus approchante !





Et pour ces stalagmites d'un nouveau genre, il faut chercher au-dessus la "poche" de lave visqueuse qui s'est crevée à un moment et s'est écoulée lentement, chaque goutte ayant à peine le temps de couler qu'elle figeait déjà, servant de support à la suivante, jusqu'à épuisement de la poche.


Quand une stalactite rencontre une stalagmite, on obtient une colonne, ici recouverte d'impuretés extérieures jaunes.


Finalement non, je ne vous donnerai pas l'explication de cette stalactite horizontale !! Allez voir vous-même, c'est tellement plus intéressant !




Le tunnel bleu est beaucoup plus large que les autres, et bat tous les records en matière de concrétions.


Petite note brunâtre pour ces trois-là. Un peu de fer qui aurait rouillé ?


Le tunnel bleu débouche, très loin en aval, directement dans le Bras de la Plaine. Voici la version miniature de ce que ça a dû donner !


On ne marche pas beaucoup dans ce tunnel car il y a énormément de choses à regarder sur une petite distance.


Les cassures sont dues à la rétraction du tunnel après le refroidissement...


Quand nous sortons il est midi passé. Il pleut... Le tunnel de lave, c'est la seule activité que l'on peut faire quand il pleut, aucun risque de se retrouver dans une rivière souterraine.

Kokapat nous offre une boisson fraîche, que nous buvons sous les parapluies.
Puis je me mets en quête d'un endroit au sec pour mon pique-nique ; je ne le trouverai qu'au bord de l'océan, à l'Étang-Salé. Là où les tunnels de lave s'écroulent dans la mer...

1 commentaire:

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.