samedi 30 janvier 2016

Au pays du curcuma et de la rouroute



À la Réunion, on cultive le curcuma appelé ici "safran péï. Le village de la Plaine des Grègues en est la "capitale" reconnue. Arrosage naturel et altitude (650 m)... Ce mini-cirque voit pousser de nombreuses autres plantes dont la rouroute (déformation de "l'arrow-root"), une racine dont on obtient une fécule très digeste aux vertus médicinales.
Autre intérêt de la Plaine des Grègues : le sentier de randonnée "la boucle des Margosiers", que j'ai arpenté ce matin avec dix autres Ovésiens.
Pas très longue (12 km environ), près de 1000 m de dénivelé avec d'interminables marches en rondins, elle est quand même réputée difficile et permet de beaux points de vue sur les environs. Alors, allons !!
Un peu plus de 7 h du matin, nous sommes prêts à partir. Il farine un peu mais ce n'est pas cela qui va nous arrêter ! On apprendra plus tard qu'il a plu toute la nuit...


Le village semble encore endormi, on longe des champs et des vergers. Ici, de beaux agrumes qui seront mûrs dans quelques mois.


On passe devant la jolie église.


Nous devons grimper sur la crête en face puis faire tout le tour du "cirque" et redescendre de l'autre côté. Nous sommes optimistes, ciel bleu et léger arc-en-ciel...


De très jolies vieilles cases créoles jalonnent le circuit.


Champs de rouroute et de curcuma... il faudra revenir dans quelques mois pour la récolte.


 Tout est impeccable.


La partie horizontale grisâtre que l'on devine, c'est la cascade Mottet, toujours à sec en fait...


 Il se remet à fariner, on n'est pas vraiment trempé et on n'a pas besoin de sortir les vestes de pluie.


Quelques mètres après les champs, le sentier change du tout au tout : c'est la dure montée de la cascade Mottet, à déconseiller absolument en descente par temps humide !


Plus on monte, et plus la pente s'accentue, plus les marches se font hautes, plus il faut s'aider des bras et s'accrocher aux racines...


Pour couronner le tout, la farine s'intensifie, puis il se met carrément à pleuvoir. Les feuilles de la canopée ne nous protègent plus. La progression est de plus en plus délicate.


Certaines marches sont presque en dévers par rapport à celles du dessous, il faut bien se pencher en avant.


Admirons un instant le travail des ouvriers de l'ONF !!


Dès la forte montée terminée, je sors ma veste de pluie. Je ne la quitterai que 4 heures plus tard... Le sentier reprend une allure plus "normale".


Ce sentier n'est qu'une succession de longues montées en escaliers et de longs faux-plats boueux et entravés de racines. Parfois, une accalmie de quelques minutes me permet de sortir l'appareil photo de son sachet en plastique...


Outre les nombreux goyaviers, on rencontre dans cette forêt quelques beaux spécimens de troncs.


Nous voilà à un premier embranchement et il pleut toujours...


Puis nous atteignons le "rond-point du gros narbre" (un magnifique mahot) au tronc mutiple et aux racines tortueuses.


 Ce qui fait le bonheur de certains...


Nouvelle accalmie et pause photo !!


On ne s'attarde pas car à cette altitude il fait frais (en plus, on est mouillé !) et on sait que le plus dur reste à venir. J'arrive néanmoins à capturer ce papillon qui se planque sous une feuille de losto café.


Nous arrivons à un premier point de vue et constatons effectivement qu'il n'y a point de vue !!


On continue d'avancer en profitant du silence (pas d'hélicos ici et encore moins avec ce temps !).


Cela devient pratiquement impossible de garder un bout de pied au sec...


 Après une petite pause grignotage, voilà enfin le moment d'attaquer la descente abrupte. Mon regard est attiré par ce buisson fleuri, on dirait un bégonia non ?


La descente est délicate mais se passe plutôt bien. Ça glisse beaucoup moins que ce que je pensais. Et vivent les bâtons !
Une vue du sentier que l'on descend :


 Incroyable tronc-racine assez fantasmagorique...


Il est midi ou presque. La forêt s'écarte et incroyable, une éclaircie, on voit jusqu'à la mer !! On se dit qu'il y a des chances pour que l'on puisse pique-niquer comme prévu...


 Oui, on est bien juste en dessous des nuages !


Quelques secondes de soleil, un coup de vent qui chasse la brume, voilà d'où on vient...

 

Mais pas le temps de sortir les lunettes de soleil, la pluie recommence... Heureusement, il nous reste moins d'une demi-heure à marcher.


Nous terminons par les petites routes plutôt que le sentier boueux et glissant. Encore une apparition de ciel bleu mais on reste sceptique... et on a raison !



S'il ne devait en rester qu'un, ce serait celui-là !


Vue d'ensemble de la crête que nous avons parcourue : et toujours ce crachin...


Comme nous ne pouvons pas pique-niquer dans ces conditions, Justin nous propose l'abri de l'auvent de la case familiale à quelques rues de là. Nous sommes accueillis par son frère qui travaille dans les champs alentours, et par l'agréable odeur des ananas Victoria (les meilleurs du monde, si, si !).


Les marmites arrivent : miam un cari poulet, du riz blanc, du riz jaune, un boucané volaille, des gros pois...


le tout arrosé d'un punch qui nous réchauffe en deux temps trois mouvements ! Les barquettes étaient superflues !


La pluie continue de tomber régulièrement mais on est bien à l'abri...


Je ne pensais pas avoir l'occasion d'en voir en vrai... les "kabiné madame Pol" comme ceux que l'on avait vus au kan marron de Jean-Paul Bavol en octobre dernier (voir ici) !! Je n'avais pas pu les photographier... là, on a même pu tester !!


C'est de l'Art, ça ne s'explique pas !! ;o)


 Nous passons un super moment de rigolade et de convivialité.


Super sortie malgré la pluie ! Merci Justin et à quand la sortie pour la récolte du curcuma ?

lundi 25 janvier 2016

La forêt de l'aventure

En ce beau dimanche je retrouve un groupe OVS pour une rando atypique, à savoir que ce n'est pas un GR et qu'une partie ne figure même pas sur la carte IGN !
Mais ce n'est pas cela qui va nous arrêter ! Nous avons une confiance aveugle en notre guide... allons-nous le regretter ? En tout cas, au début, il a l'air de savoir par où il faut passer !


La marche commence par les chemins béton du quartier "Montauban" dans les hauts de St Denis.



Il fait beau sur le Pic Adam...


Quelques derniers letchis abandonnés aux oiseaux...


Nous continuons à cheminer entre les cases et les jardins.


Des grains de café encore verts, près d'une maison.


Le chemin béton se transforme en piste de terre et c'est là que la montée commence. Un point de vue sur la Rivière des Pluies (celle qu'on remonte pour aller à l'îlet Quinquina et plus encore).


Parfois, on a la vue sur le chef-lieu :


Mais on s'éloigne assez vite de la civilisation...


Ça n'en finit pas de monter et ça glisse déjà pas mal, il pleut tous les jours ici !


Nous ne sentons pas encore la fraîcheur tant espérée ; nous sommes trempés de sueur et remercions les nuages qui atténuent la brûlure du soleil...


Un passage en pleine forêt nous fait découvrir des kilomètres de fruits de la passion. Faut être motivés pour venir les chercher ici !


Moi j'ai fait le plein ; belle récolte, non ??


C'était une blague !! C'est ma razzia de vendredi sur un autre sentier... :o)
Tout à coup apparaît une magnifique fleur : la liane de Mysore ; on en voit plutôt près des habitations qu'en pleine nature.


D'ailleurs, tout le monde s'extasie et prend des photos !!


Ce point de vue sur St Denis est le dernier que l'on va avoir avant un petit bout de temps alors... profitez-en !


On est pile à l'heure pour le vol de 10 h 30 :


La piste glissante continue à bien grimper et est de plus envahie par les herbes (et les mouches accessoirement).


Une petite pause ; discrètement notre guide sort sa carte... serions-nous déjà perdus ?!!


Mais non, il n'y a qu'un sentier de toute façon hein !! On découvre une grenouille à fesses rouges... Est-ce le signe de la période de reproduction chez ces batraciens ?


Il est 11 h, nous continuons à monter, la brume fait son apparition.


Juste de quoi voir la crête d'en face.


Ce n'est pas gênant car maintenant nous sommes sur le chemin du Grand Figuier et la forêt se densifie en quelques mètres.


Quand je dis densifie, c'est un euphémisme ! Eh, attendez-moi !



Avec les nuages qui s'accumulent au-dessus de nos têtes et la canopée de plus en plus touffue, on se demande si on ne va pas devoir sortir la frontale !


Forcément, avec une atmosphère aussi humide, les champignons s'en donnent à cœur joie : on fait le plein pour l'omelette du midi :


Mais il n'y a pas que les champignons qui se régalent des 99 % d'humidité ambiante...




Nous arrivons à un croisement ; au choix, un sentier qui monte pas longtemps, mais pas du tout fréquenté, ou le sentier qui descend à la ravine. On choisit le premier. Effectivement, ça monte...


et il est tellement peu fréquenté qu'on ne le voit plus du tout dans cette végétation et qu'on finit par faire demi-tour et prendre le sentier de la ravine.


Nous arrivons à la fameuse passerelle Montauban...


Un mélange de tradition et de modernité : échelles en alu, rambarde en branche, et filet de tennis de récup pour faire office de filet de sécurité !


Vu d'en bas :


 Notre guide prend la pause ; en fait il scrute déjà au loin pour chercher la trace du sentier parmi la verdure !


On traverse la ravine glissante en se tenant à un filin genre "accrobranche"


En deux secondes, la pluie s'abat sur nous et nous avons juste le temps de sortir nos vêtements de pluie ! Zut de zut, il est midi et j'ai faim ! On va continuer de marcher en attendant que cela se calme et espérant trouver un endroit propice au pique-nique.
L'appareil photo est relégué bien au sec... nous remontons de l'autre côté de la ravine puis poursuivons la marche sous la pluie pendant une bonne demi-heure... Nous arrivons au croisement d'un sentier qui descend de la Roche Écrite, c'est là que commence notre descente.
Rencontre insolite avec une petite musaraigne sûrement habituée à venir manger les miettes de ceux qui s'aventurent par ici.


En espérant qu'elle n'ait pas la leptospirose hein Éric !


Tout est trempé et détrempé même ; on décide de marcher encore un peu pour tenter de trouver un endroit pas trop mal pour manger. Il est 13 heures... On devient experts en glissades plus ou moins contrôlées (merci les bâtons).


Magnifique orchidée blanche dans cette jungle verte...


Nous finissons par nous arrêter et enfin manger !!


Puis il y a de nouveau de la descente, de la boue et des feuilles mortes... En dénivelé cumulé on a quand même eu + et - 1 400 mètres...


Alors au choix, sur les fesses, ou sur les fesses...


Bizarrement mes pieds sont toujours au chaud et au sec, même si les chaussures et les mollets sont bien crados.


Premier point de vue depuis l'atterrissage de l'avion. On est tellement descendu qu'on a de nouveau chaud !




De nouveau un croisement sans indication... on part au pif sur la gauche en suivant "Trail de Bellevue", car Bellevue est juste à côté de Montauban. Bah, on finira bien par arriver à la mer puisqu'on continue à descendre !


Cette partie est encore plus raide et glissante qu'avant ! Encore quelques belles glissades pour certains...


On se demande comment on peut courir là-dedans alors qu'on peut à peine poser un pied sans qu'il glisse sur la terre, les feuilles ou les racines...


Passage de la ravine



Puis de nouveau une longue partie étroite bordée de goyaviers ; ceux-ci vont nous servir pour les passages les plus scabreux...


Car le goyavier plie, mais ne rompt pas !



À 15 h 30 nous débouchons sur un chemin béton. Reste à savoir s'il faut plutôt aller à gauche ou à droite !! Un ado en scooter qui passe par là (coup de bol) nous renseigne.
Il nous reste une paire de kilomètres à parcourir.


On retrouve les cases, les jardins, les champs de salades ou de chouchoux.


Puis dans le creux, nous reconnaissons l'endroit où nous sommes passés le matin, la boucle est presque bouclée !


Fleurs de pitaya (fruit du dragon) :


Finalement, on n'est pas si sales que ça ! Bon je n'ai pas photographié les fessiers de certains...


Merci Éric d'avoir proposé cette découverte du Nord de l'île !!