lundi 10 août 2015

Toute une histoire

En France, on a la Via Domitia. À la Réunion, on a le Chemin des Anglais ! Moins vieux, certes, mais pas moins chargé d'histoire.
Pour ma marche de ce dimanche, le beau temps est revenu, je file à la Possession et entame ce chemin qui commence par d'abrupts lacets. Heureusement qu'on est encore à l'ombre...

Jusqu'en 1730, on ne pouvait relier l'ouest de l'île et Saint-Denis qu'en barque ou chaloupe... Puis un sentier a été tracé, et il fut pavé en 1767 sous l'impulsion de l'ordonnateur Crémont qui lui laissa son nom.


Le sol a bien travaillé et ça continue.


Dans les taillis, un petit troupeau de chèvres arrive à trouver son bonheur.


 Ici, du coton sauvage pousse tout seul, malgré le manque chronique d'eau. Nous sommes dans une des parties les plus chaudes et sèches de l'île.


Revenons à notre histoire et à l'Histoire. Pourquoi ce nom "chemin des Anglais" alors ?


Laissez-moi reprendre mon souffle et admirer la vue sur l'océan ! On vient de monter une pente à 18 % (4 de plus que l'Alpe d'Huez), sans avoir eu le temps de s'échauffer :o)


Et en plus, voilà qu'on a le soleil en pleine face !


Donc je disais, Chemin des Anglais car en 1810, les Anglais ont emprunté ce chemin pour accéder à Saint-Denis et surprendre par le haut les Français qui les attendaient, postés à la Redoute... Les Anglais reprirent ainsi l'île, jusqu'en 1815.


La rando n'a pas de difficulté particulière, si ce n'est le fort raidillon au début et à la fin. Le plus important, c'est de la faire en plein hiver austral et de partir très tôt !!


Le sentier redescend pour traverser la Ravine à Malheur. La légende raconte que le trésor du pirate La Buse serait planqué dans cette ravine... Le nom "malheur" quant à lui vient d'une exécution d'esclaves, qui auraient été précipités dans le fond de cette ravine pour avoir fomenté un attentat. Je passe sans problème cette ravine où un mince filet d'eau s'écoule. Les pavés ont disparu.


De sacrés blocs quand même. On imagine aisément le travail titanesque que cela a dû être, de tout tailler, transporter, et positionner de niveau.


Ici il ne reste plus que la rangée du milieu.


Une fois revenue sur le plateau, je me retourne pour voir la ville du Port.


La progression est relativement facile. Ce sentier est très fréquenté par les coureurs de montagne qui s'entraînent. La Diagonale des Fous, c'est dans deux mois !


Ce sont les 20 derniers kilomètres avant l'arrivée ; les coureurs, quand ils passent ici, on déjà 140 km dans les pattes et presque 9 000 m de dénivelé positif...


Ils n'ont sûrement pas le temps de s'arrêter pour lire les explications sur la sauvegarde de la forêt, espace naturel sensible...


Ici commence la descente assez raide sur la Grande Chaloupe. La partie la plus délicate car très abîmée...


Moi je ne m'entraîne pas, j'ai donc le temps de regarder autour de moi et de voir ce bois noir, dont les gousses vibrent au moindre souffle d'air.


Un "faux poivrier" ou baies roses, un peu tardif.



En contrebas, le chantier de la nouvelle route du littoral sur digue...


Il faut redoubler de vigilance, bien verrouiller les chevilles...


 Un peu de répit avant d'entamer la descente à 21 %.



Ici le sentier, c'est vraiment du n'importe quoi !! Je me fais doubler par des coureurs qui ont l'air de voler sur les arêtes des pierres... mais comment font-ils pour ne pas perdre l'équilibre ? Pour ne pas se coincer les pieds dans un trou ?


Une fois en bas, quelques panneaux explicatifs.


 J'aime bien le "véhicule à moteur interdits"... qu'est-ce qui pourrait bien rouler sur un chemin pareil ?


En 5 minutes à peine, j'arrive sur le site du lazaret, où les engagés volontaires étaient gardés en quarantaine à leur arrivée sur l'île. En effet après la fin de l'esclavage, on avait toujours besoin de main d'oeuvre pour la culture du café, des épices et de la canne à sucre et on l'a trouvée avec l'engagisme.


Plus de détails ici. Je cite : Tout au long du 19e siècle, des milliers d’individus, Indiens, Chinois, Malgaches, Rodriguais, Africains de l’Est, et d’autres encore, sont passés par La Grande Chaloupe, leur premier lieu de contact avec l’île. A ce titre, ce site mérite d’être retenu comme un site emblématique dans l’histoire du peuplement de La Réunion.

Le site est fermé... mais on peut faire le tour des bâtiments plus ou moins restaurés.














Après cette petite pause, et quelques grignotages, je fais demi-tour. Le soleil cogne et la pierre basaltique renvoie bien cette chaleur...


Au loin, un avion en approche sur Saint-Denis. Conseil, si vous venez sur l'île, prenez un siège "hublot" sur la droite ! Vous aurez ainsi une vue imprenable à l'arrivée...


Après le raidillon, ça file tout seul. Le vent s'est levé mais il ne fait pas moins chaud !





Il est 11 heures, je retrouve déjà ma voiture. J'ai pourtant grillé 1500 kcal. Mais pas de souci, j'avais préparé la veille une choucroute (ben quoi, c'est l'hiver !!), alors, avec un petit kir-cassis, les batteries sont vite rechargées :o)


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