lundi 20 juillet 2015

Ne jamais dire "jamais"

Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, hein !
Il y a 8 ans, ce fut ma première rando sur l'île. Je ne marchais pas du tout, et je pensais avoir une bonne condition physique due à d'autres sports. J'ai été embarquée pour faire l'ascension du Grand Bénare, le 3e plus haut sommet de la Réunion. Ce fut très dur, j'ai sué sang et eau, j'ai maudit mes compagnons de marche et seule la perspective d'une vue époustouflante sans nuage m'a permis d'arriver au bout. Pour couronner le tout, j'ai perdu mes clefs de voiture sur le sentier... et j'ai eu deux ongles incarnés à cause de chaussures mal adaptées...
Alors autant vous dire que refaire le Grand Bénare, pour moi, c'était Niet !

Mais, après 8 ans de réflexion et une pratique intensive de la randonnée, je me suis dit que je pouvais reconsidérer ma position ! En plus, que faire quand on est seule au Maïdo à 7h30 du matin et qu'il fait un temps magnifique ??
Me voilà donc partie dans la fraîcheur ; quelques dizaines de mètres sur le tronçon de route bétonnée qui mène vers le sentier de la Glacière. Le soleil est encore bien bas...
Il fait froid mais ce n'est pas insurmontable.


Bifurcation à gauche, on suit les traces jaunes. Je suis contente d'avoir pris mes gants car le soleil est bien faiblard.


On s'élève assez vite et dans mon dos, la "dent" du Piton Maïdo, qui matérialise le parking et le point de vue.


Vers l'Est, la Roche Écrite est dégagée, mais pour combien de temps...


Vers l'ouest, on voit le cap La Houssaye et la ville du Port, plus de 2 000 m en contrebas...


Nouveau point de vue, je zoome sur Boucan Canot et la baie de St Paul.


Bon ben c'est pas compliqué... je vais au bout, là-bas, le sommet de droite !


La montée me réchauffe mais je ne retire ni mon chapeau, ni mes gants, ni mes épaisseurs ! Par contre je me régale de la vue du rempart, le fameux kilomètre vertical, et quelques cases de Roche Plate encore dans l'ombre...



L'intérêt de ce sentier, c'est qu'on a le spectacle de Mafate tout le temps, car la végétation est trop rabougrie pour masquer quelque chose.


Quelques endroits sont givrés, mais rien de bien terrible...


 Je me souvenais d'un sentier jonché de cailloux roulants, pour l'instant, je n'ai pas à me plaindre...


Vue sur la frontière entre Mafate et Cilaos.



 J'avance régulièrement ; au premier plan, le Gros Morne (2e plus haut sommet mais pas de sentier pour y monter), et derrière, le Piton des Neiges, l'objectif de la semaine prochaine !


Les nuages arrivent par le Col des Boeufs ; à gauche, c'est l'ilet de La Nouvelle ; au milieu, la tache claire c'est la Plaine aux Sables, que l'on a traversée lorsque l'on est remonté du site de Trois Roches (on devine la rivière des Galets à droite).


Zoom sur 3 Roches (dans l'ombre) et la Plaine aux Sables.


Finalement, cette rando n'est qu'en montée constante et c'est moins casse-patte que le sentier de Dos d'âne par exemple, qui cumule les mini-montées et mini-descentes avec des escaliers...


Derrière moi, Roche Plate et le Bronchard, la Nouvelle.




Toujours pas de nuages, c'est motivant ! On devine Marla maintenant, signe qu'on s'approche vraiment du but !


Parfois le sentier frôle le précipice ; il faut rester vigilant...


Le sommet a l'air toujours aussi loin !!


Ce n'est qu'en regardant dans Mafate que l'on se rend compte de la progression. De gauche à droite, la Rivière des Galets, Marla sur son petit plateau, et la crête avec le col du Taïbit (passage vers Cilaos) et les 3 Salazes (invisibles à l’œil nu). Au fond, le sommet de l'île toujours au soleil, par contre le volcan est sous les nuages.


J'arrive à la partie qui était restée gravée dans ma mémoire. Des cailloux partout, mobiles et traîtres. On ne sait plus où poser les pieds, on marche comme un échassier, mes deux bâtons me sont d'une grande utilité...


L'invasion des nuages par l'Est a commencé, ils descendent inexorablement sur la plaine des Tamarins... Vais-je arriver à temps ??


 Cela fait 2h30 que je marche, et l'antenne commence à être bien visible. Allez on ne faiblit pas !


Je ne suis pas encore au sommet mais je suis déjà largement récompensée...


Plus que quelques dizaines de mètres...


Voilà Cilaos qui se découvre à moi !


Du côté Ouest, on peut redescendre par le Petit Bénare, Piton Rouge et la route forestière du Tévelave...


Mais pour l'instant, je savoure : vue totalement dégagée sur Cilaos et jusqu'à la côte ! Sur le panneau : 2896 mètres...


On est une petite dizaine à être arrivés au bon moment. Au loin, les dentelures du Piton des Neiges...


On voit bien les nuages arriver, tels un tsunami au ralenti.



Bon ben ça, c'est fait !!!


Zoom sur la route de Cilaos, au sortir du dernier tunnel. Celui où les bus ont moins de 10 cm de chaque côté de la paroi...


Je redescends de quelques mètres pour me protéger du vent glacé et m'installe pour manger un peu devant ce magnifique tableau.


Après une petite demi-heure de pause, les premières nuées font leur apparition... Déjà !


Au milieu du cirque aussi, les nuages commencent à se former. Il est temps de redescendre !


J'étais vraiment du bon côté de l'île aujourd'hui :o)


J'entame la redescente avec précaution, les glissades et foulures ne sont pas loin...


Les nuages sont de plus en plus présents. Je croise de nombreuses personnes qui sont parties trop tard, dommage pour elles car elles ne verront rien...


 La côte ouest, toujours au soleil...


Il était temps que je parte !


Même si le sentier est très chaotique, c'est plus facile dans ce sens !



Parfois, une trouée se forme et on replonge dans le cirque...


J'arrive même à repérer le site de Trois Roches où j'étais fin juin... avec ses filaos, sa dalle blanche polie par la rivière et son gouffre...


Il faut bien suivre le balisage car la nature prend parfois la forme de beaux sentiers moussus, mais non...


Je rejoins la partie qui avait brûlé en 2010.


Les fleurs jaunes (un millepertuis arborescent indigène de la Réunion), très utilisées en médecine douce.


Elles doivent lutter contre une espèce invasive à croissance plus rapide, l'ajonc d'Europe.


Quelques centaines de mètres sur cette grosse dalle me donnent l'impression de marcher sur un boulevard, après le sentier tarabiscoté que je viens d'emprunter !


Après ces 5 heures de marche dans les caillasses et dans le froid, je suis prête pour le toit de l'île, en espérant avoir une météo aussi clémente !

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