lundi 8 avril 2013

AVPPHSM

…ou devrais-je dire « à la recherche du temps perdu ».

Située à Sainte-Anne, l'AVPPHSM, Association pour la Valorisation et la Préservation du Patrimoine des Hauts de Sainte Marguerite, propose une visite guidée de l'exploitation, la vente de fruits et légumes "lontan" et actuels, la dégustation d'un repas créole traditionnel dans les feuilles de bananier, une rencontre avec des personnes hors du commun... 



Les membres de cette association de 3 agriculteurs passionnés par leur travail et leur patrimoine nous accueillent le cœur sur la main. Les premières paroles de Philippe Morel sont d’ailleurs « J’espère que vous êtes venues le ventre vide ! » . Le ton est tout de suite donné !

Le but de l’asso est de retrouver les saveurs que l’on a perdues, redécouvrir fruits et légumes du temps lontan, redonner aux gens le goût et les arômes des fruits de saison, des agrumes, des légumes qui font de notre île un paradis gustatif. Les crises sanitaires à répétition, le gaspillage des grandes surfaces, ne peuvent que donner raison à leur démarche.
Arrivées vers 10 h, nous  nous dirigeons immédiatement vers la table où se trouvent les légumes du moment : les premières clémentines, les derniers longanis, des pipangailles, des calebasses chinoises, des courges et du palmiste rouge !
 

La varangue et la table peuvent accueillir jusqu'à 70 personnes... mais nous sommes seules !


Au bout de quelques minutes, nous sommes invitées pour un riz chauffé accompagné de son rougail tomate, un jus de clémentine tout frais pressé et un café grillé "maison" (Bourbon rond). Le tout servi sur des feuilles de conflore, et on mange sans couverts, pour une meilleure sensation gustative (la vaisselle est beaucoup plus rapide aussi comme ça !!).

Nous nous trouvons dans les hauts de Ste Marie, là où il pleut le plus à la Réunion : 200 jours par an !! Et bien nous avons de la chance... il fait beau !


Dans une ambiance détendue, bon enfant, M. Morel continue de nous faire découvrir son univers, ses astuces. Pour faire mûrir les bananes sans produits chimiques comme tant d'autres, il les enferme avec des feuilles de bringellier, qui accélèrent ce processus et sont, en plus, insecticides naturellement !


Ici, un tomate-arbuste bien chargé. On se sert des fruits pour les rougails, ou les confitures (les pépins sont dur comme du bois).


Puis direction le potager.

M. Morel à côté d'une touffe de conflor. Ses graines servent dans la fabrication des kayambs, ses rhizomes, pour nourrir les cochons, on peut aussi en extraire de la fécule pour les pâtisseries.

Un endormi heureux...


Nous sommes entourés de canne à sucre à perte de vue.
La vue sur l'océan donne envie de rester là...

M. Morel nous explique les variétés de canne (résistance aux maladies, rendement, résistance aux cyclones). Il a d'ailleurs planté toutes ces variétés en même temps, pour ne pas risquer de perdre la totalité de la récolte en cas de coup dur.

Nous croquons à pleines dents dans une canne pour y aspirer la sève sucrée ; mais cela n'est plus possible avec les cannes utilisées ailleurs, car les espèces sélectionnées pour le rendement sont bien trop dures ! Nous apprenons aussi que nous pouvons manger le cœur de la canne à sucre (il ne reste pas grand'chose après avoir enlevé les parties trop dures !). C'est très tendre mais n'a pas de goût particulier (légère amertume).


Nous arrivons au "bureau" !
Au dessus des marmites, le far-far où sont suspendus boudins, saucisses, grains... Tout cela fume gentiment et se conserve bien.
 
Le repas de midi est en train de mijoter...

Avec un jus de clémentines, nous goûtons des bonbons manioc et découpons des petites rondelles de boudin noir.
Participant au Grand Raid, M. Morel (arrivé 69e) nous explique comment il puise dans la nature les ressources pour résister à la fatigue, à la faim, sans boissons énergisantes, barres de céréales trop sucrées, produits chimiques ou autres compléments alimentaires. Un bout de manioc confit et hop ! ça cale pour 10 heures !

À l'arrière du jardin,  mais à quoi peut donc bien servir ce cône renversé ???


On y glisse la volaille tête la première, et on coupe ce qui dépasse... Heureusement, même si un canard devait être tué pour les visiteurs du lendemain, nous n'y avons pas assisté !

Voilà arrivée l'heure du déjeuner. L'entrée est tout simplement succulente : salade de cœur de palmiste rouge, sur feuilles de bananier.


Ensuite, un "poulet la kour" (forcément), grains et riz, et des brèdes-saucisses (brèdes citrouille, brèdes morel, brède chouchou et rondelles de saucisses), un régal.

Comme nous n'étions que nous 3 ce jour-là, nous avons vraiment bien profité de nos hôtes, du cadre, du calme...

Après un excellent gâteau citrouille et des galettes manioc, sans oublier un café grillé, nous reprenons notre visite en allant chercher du miel. Tout d'abord, préparation de l'enfumoir pour détourner les abeilles.

 Puis, un minimum de précautions...

Ne pas bouger, surtout ne pas bouger...

À ce moment-là, je ne savais pas encore que "il y a 66 000 abeilles dans la ruche, dont des variétés agressives, et on meurt avec 150 piqûres"... sinon je n'aurais pas été aussi détendue !!

Me revoilà avec ma récolte. Je ne vois pas M. Morel derrière, qui a des soucis avec son enfumoir et qui se fait piquer une dizaine de fois !


 

Nous apprenons par exemple qu'il ne faut pas récolter les gauffres de miel pendant la floraison du bois de rempart, plante toxique, vers décembre, car le poison se retrouve dans le miel... Certains en ont fait les frais lors de la dernière foire au miel (intoxication alimentaire)...

Il n'y a plus qu'à extraire le miel des alvéoles...

Et pour cela, pas besoin d'équipement sophistiqué, les mains suffisent !

 On appuie dessus comme sur une éponge... c'est tout doux...



Ce qui reste de cire servira à allumer le feu de bois (brûle 20 minutes). Il ne reste plus qu'à éliminer les impuretés avec une passoire, et voilà un joli pot de miel tout frais !


Et ce n'est pas fini ! La pluie a fait son apparition, mais rien ne nous arrête : nous partons dans un autre coin du jardin, où poussent des fruits de la passion et des légumes... M. Morel nous charge d'ailleurs les bras, n'est-ce pas Marie-Line et Christine !?


Petit détour par le poulailler





M. Morel nous montre ensuite une vanille laissée "à elle-même", on voit d'ailleurs 3 lianes géantes descendre de cet arbre...




Mais les meilleures choses ont une fin. Même si nous avons eu "du rab" car la route était fermée jusqu'à 20 h pour cause de rallye routier, il a bien fallu rentrer, avec dans notre sac tous les bons produits de l'association.


Pour en savoir plus : http://www.zinfos974.com/A-la-rencontre-du-gout-lontan--dans-les-hauts-de-Sainte-Anne_a55061.html

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